
Avec 46,8 millions d’utilisateurs actifs mensuels dans l’Union européenne, WhatsApp vient de franchir un cap stratégique. Ce chiffre le propulse dans la catégorie des Very Large Online Platforms (VLOP), une classification clé du Digital Services Act (DSA), la loi européenne qui encadre les grandes plateformes numériques.
Ce statut n’est pas anodin. Il implique des exigences accrues en matière de transparence, de modération des contenus et de responsabilité algorithmique. En clair, Bruxelles exige de WhatsApp qu’il renforce son contrôle sur la désinformation, surveille mieux les échanges et fournisse davantage de visibilité sur les mécanismes qui gouvernent la plateforme.
Une pression réglementaire croissante
Ce cadre législatif place Meta, la maison-mère de WhatsApp, sous une vigilance renforcée. Déjà contraint d’appliquer ces règles à Facebook et Instagram, le groupe doit maintenant adapter sa messagerie à un niveau de conformité plus strict.
L’un des points les plus sensibles concerne la modération des contenus. Bien que WhatsApp se distingue par son cryptage de bout en bout – rendant techniquement impossible une surveillance directe des messages –, l’UE impose à la plateforme une évaluation régulière des risques liés aux abus et à la diffusion de contenus illicites. L’entreprise devra démontrer qu’elle prend des mesures proactives contre les dérives, sous peine d’amendes pouvant atteindre 6 % de son chiffre d’affaires mondial.
Algorithmes sous surveillance et lutte contre la désinformation
L’autre axe majeur de la régulation porte sur la transparence des algorithmes. Même si WhatsApp n’intègre pas de fil d’actualité comme Facebook ou Instagram, l’UE veut plus de clarté sur la manière dont les informations sont mises en avant, notamment via les groupes de discussion et les chaînes de diffusion.
Ce contrôle accru s’inscrit dans un contexte où la désinformation explose, notamment à l’approche des élections européennes. Les autorités veulent limiter l’impact des manipulations en ligne, un défi de taille quand on sait que WhatsApp est un canal privilégié pour la viralité des fake news.
Un bras de fer en coulisses
Officiellement, Meta joue la carte de la coopération. La firme de Mark Zuckerberg assure qu’elle se conforme aux règles européennes et qu’elle continuera à travailler avec les régulateurs. En interne, pourtant, la tension est palpable. L’entreprise critique régulièrement ce qu’elle perçoit comme une intrusion excessive dans ses opérations.
Aux États-Unis, certains responsables politiques voient d’ailleurs ces réglementations d’un mauvais œil. Le sénateur JD Vance a récemment dénoncé une « censure autoritaire » qui, selon lui, menace la liberté d’expression. Une rhétorique qui reflète l’opposition de Washington à certaines régulations européennes, jugées trop contraignantes pour les entreprises américaines.