Des milliers de conseillers numériques supprimés : un risque pour l’inclusion numérique en France

Un amendement menace près de 2 000 postes de conseillers numériques.

L’inclusion numérique est devenue une priorité pour de nombreux gouvernements à travers le monde, et la France n’échappe pas à cette règle. Cependant, le secteur des conseillers numériques fait face à d’importantes incertitudes quant à son avenir financier. Avec 15 % de Français encore en situation d’illectronisme, soit environ 8 millions de personnes, la réduction drastique des crédits dédiés à l’inclusion numérique soulève de nombreuses préoccupations.

Le rôle essentiel des conseillers numériques

Les conseillers numériques ont été créés en 2021 dans le cadre du plan France Relance avec pour mission principale de réduire la fracture numérique. Leur action s’étend à différentes facettes de l’accompagnement digital. Ils aident non seulement les particuliers dans leurs démarches administratives et professionnelles en ligne, mais aussi les petites entreprises et entrepreneurs qui cherchent à comprendre et utiliser au mieux les outils numériques.

En plus de ce soutien ciblé, ces professionnels sensibilisent également les jeunes aux enjeux environnementaux, sociaux et économiques du numérique. Ils interviennent dans diverses structures éducatives, allant des écoles primaires aux lycées, pour inculquer dès le plus jeune âge les bonnes pratiques numériques.

Sur le terrain, les conseillers numériques se concentrent sur plusieurs tâches essentielles. Ils forment les individus à la prise en main des outils informatiques, à la navigation sur Internet, à la gestion des courriels et aux bases de la culture numérique. Cette formation contribue à rendre autonomes ceux qui, jusqu’à présent, étaient éloignés des technologies actuelles.

Par ailleurs, ils assistent les petites entreprises et les startups dans l’adoption des processus numériques, contribuant ainsi à la promotion des activités économiques en ligne. Cet accompagnement participe grandement à renforcer l’économie locale et à créer un tissu entrepreneurial dynamique et résilient face aux évolutions technologiques.

Une réduction des financements inquiétante

Malgré leur importance, les conseillers numériques et les acteurs de l’inclusion digitale font face à des réductions budgétaires significatives. La Commission supérieure du numérique a signalé que les crédits réservés à l’inclusion numérique allaient passer de 62 millions d’euros à 27 millions d’euros d’ici 2025. Une diminution de budgets qui inquiète tout le secteur et remet potentiellement en cause les avancées réalisées jusqu’à présent.

Un amendement voté récemment confirme ces craintes, avec la possible disparition de près de 2 000 postes de conseillers numériques. Cette décision, jugée irresponsable par certains responsables, impacterait directement la politique d’inclusion numérique établie par l’État et soutenue par de nombreuses associations et collectivités locales.

Face à cette situation, divers acteurs appellent à une mobilisation immédiate de tous les élus locaux et parlementaires. Le retrait anticipé de l’État d’un dispositif essentiel tel que celui-ci serait perçu comme un manquement grave envers les besoins fondamentaux des citoyens. Les associations et entités territoriales ne peuvent seules porter un tel projet sans soutien adéquat et durable.

Certaines recommandations pour pallier ce problème incluent la création d’un fonds national d’inclusion numérique associant des financements publics, privés et européens. Des mesures complémentaires, telles que l’instauration d’une taxe « numériseur-payeur » sur les entreprises proposant des services en ligne, sont également envisagées.

Période charnière pour l’inclusion numérique en France

La pérennisation des actions menées par les conseillers numériques dépend largement de l’engagement financier consenti par l’État et les autres parties prenantes. Récemment, il a été souligné que le financement global de l’inclusion numérique en France manque de lisibilité et de cohérence. En région Hauts-de-France, par exemple, ce ne sont pas moins de 34 millions d’euros de fonds européens qui ont été injectés dans des projets relatifs à l’inclusion numérique depuis dix ans, bien avant même la mise en place des conseillers numériques.

Néanmoins, la durabilité de ces initiatives pose toujours question, faute de co-financements suffisants et de dispositifs souvent concurrents entre eux. Ce contexte met en lumière l’urgence d’une réflexion approfondie et concertée sur le modèle économique du soutien numérique en France.

Les récents débats autour des financements illustrent la complexité des choix financiers dans le domaine public, surtout en période de restrictions budgétaires. L’abandon potentiel de milliers de postes de conseillers numériques est particulièrement mal vécu parmi les populations déjà fragilisées par la fracture numérique. Pour de nombreuses personnes âgées, artisans ou associations, ces suppressions pourraient représenter une barrière supplémentaire dans un quotidien déjà complexe.

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